Mlle Peggy,Infirmière

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94, France
Mes patients m'appellent souvent Mlle Peggy ,c'est une façon pour eux d'établir une proximité sans pour autant être trop familiers,une sorte de formule "intermédiaire" entre le tutoiement et le vouvoiement,qui leur convient et que je trouve charmante.Vous l'aurez donc compris ,mon quotidien est de soigner les corps et les âmes,"les petites histoires de Mlle Peggy" sont des brèves de vies,qui vous feront rire,parfois pleurer,souvent réfléchir,enfin qui vous laisseront rarement indifférents,je pense. Ah j'ai oublié de vous dire mais vous avez du le deviner:je suis infirmière,et je pratique mon art à domicile,en petite banlieue parisienne.Je tiens à préciser que par souçi du respect du secret médical auquel je suis soumise,les lieux,les identités des patients et leurs familles,les pathologies sont modifiés,et les faits sont romancés. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est purement fortuite. Bonne lecture!!!

jeudi 12 avril 2018

Chronique d’une mort annoncée....











 Aujourd’hui je viens vous parler de temps anciens , l’époque où chaque métier , chaque profession , chaque corporation avait une formation propre , des rôles biens définis, une identité intimement liée à des décrets de compétences qui définissaient les pouvoirs de chacun .

Le domaine de la santé était très normé , car les différentes formations étaient exigeantes , diplômantes , et fortement sectorisées .
On parlait « d’exercice illégal de la médecine ou de la profession d’infirmier ou de sage femme ou ou ou . »

Le médecin vous recevait établissait un diagnostic et prescrivait un traitement.
Avec son ordonnance, le patient se rendait dans une pharmacie , le pharmacien lui délivrait les médicaments prescrits et l’informait de la conduite à tenir et des différentes interactions possibles entre les différentes molécules et évoquait les effets indésirables possibles .

Si besoin le patient faisait appel à une infirmière diplômée d’état qui effectuait les soins infirmiers prescrits qui étaient nombreux et que seule l’infirmière était habilitée à pratiquer .

Il s’agissait des pansements de tous types, d’injections allant des anticoagulants aux vaccins en passant par les saignées ou les perfusions , les alimentations enterales et parentérales des dialyses , des surveillances de patients diabétiques insulinothérapies dépendants ou non mais aussi les soins de nursing .

Cela doit vous paraître fou de lire cela à vous qui dorénavant faites appel à des prestataires de toutes sortes qui offrent des services « clefs en main » et qui n’avez pas connu l’époque où les professions libérales de santé existaient.

Ce temps est révolu depuis bien longtemps ,55 ans déjà...

Moi qui vous écrit , je suis très âgée maintenant, mais j’ai exercé en libéral au début du déclin de nos professions .
Personne ne voulait y croire pourtant les signes d’alerte étaient forts : les facteurs ( métier disparu également , qui constituait à distribuer le courrier papier ) se sont mis à rendre des services d’aide à la personne pour les personnes isolées les plus fragiles ou âgées , les pharmaciens ont été autorisés à vacciner , les concierges ont été autorisés à effectuer des toilettes et préparer des piluliers et donner les traitements, les étudiants en médecine ont été autorisés à réaliser des pansements et des injections au domicile des gens nécessitant des soins dans le périmètre de leur lieu d’études , les boulangers ont pu vendre certaines molécules comme le paracetamol ou l’ ibuprofene après une formation d’une demi journée , les bouchers ont obtenu de pouvoir effectuer les saignées .

Des lanceurs d’alerte ont vu le jour un peu partout dans le pays mais le mal était en train de se répandre.

Pour résister des maisons de santé se sont crées pour pouvoir proposer une offre de soins pluridisciplinaires au sein de la même structure .

En vain .

Les HAD présentes sur tout le territoire ont eu la main mise complète sur l’ensemble des soins dispensés et a obtenu en quelques années le quasi monopole des soins dispensés en ville.

Les libéraux ont un à un rendu les armes et arrêté d’exercer .

Des petits groupes de résistance se sont créés mais ils étaient minoritaires ,leurs messages d’alerte n’étaient entendus, ni par l’état qui étouffait la rébellion dans l’œuf ni par les professionnels de santé qui pour la plupart n’imaginaient pas que dans un pays où la population était vieillissante et consommatrice de soins puisque l’état les remboursait quasi intégralement.

Non ils ne voulaient pas imaginer un instant le marasme sanitaire économique et social qui se préparait .

Et pourtant , les groupes de résistants travaillaient , réfléchissaient , échafaudaient des plans, sondaient leurs pairs sans cesse , les avertissaient que la situation s’aggravait chaque jour un peu plus et qu’il fallait réagir .

A l’époque nous étions 600.000 .

600.000 à ne pas réagir .

600.000 à croire que le système ne s’effondrerait jamais .

Aujourd’hui, notre profession a disparu.

Nous aurions pu inverser la tendance voire fomenter une révolution !

Progressivement, les réseaux de résistance ont été démantelés, certains n’ont pas su résister à l’appel financier juteux des laboratoires, les autres ont fui .

Dorénavant seuls les indigents se rendent dans les hôpitaux devenus des sortes de cour des miracles désertés par les médecins et les paramédicaux diplômés d’état dont la fuite vers l’étranger a été irréversible.

C’est ainsi que les centres hospitaliers sont devenus des zones de non droits gérées par des charlatans de tous genres.

Des maladies disparues ont fait les premiers ravages car une grande majorité de la population n’avait plus les moyens d’accéder aux soins de base , aux vaccinations, et l’espérance de vie a chutée .

déclin de l’ensemble de l’activité économique, industrielle, culturelle .

Comme je vous le disais au début de cette lette , la plupart d’entre vous n’ont pas connu cette époque .

Je fais partie des quelques survivants qui ont plus de 90 ans en sachant que de nos jours l’espérance de vie est d’à peine 30 ans .

C’était en 2018.

A l’époque où les pharmaciens vendaient des médicaments, les infirmiers réalisaient des soins infirmiers , les médecins diagnostiquaient , prescrivaient et opéraient, les sages femmes accouchaient et assuraient le suivi les femmes enceintes , les facteurs postaient le courrier, les kinésithérapeutes pratiquaient leur art.

C’était en 2018 .

2019 a sonné le glas pour l’ensemble des professions de santé car cette année là le gouvernement a autorisé les pharmaciens à vacciner , a indiqué que certains actes opératoires essentiels ne seraient plus remboursés et le reste a suivi ...

A l’époque personne n’a réagit ou bien pas suffisamment haut et fort pour enrayer le déclin du système de santé réputé le plus performant du monde durant des années.

Aujourd’hui, les soignants reviennent de l’étranger avec l’espoir et la volonté de reconstruire  un système de santé que les pays du monde entier enviaient, je suis âgée maintenant, la seule chose que je peux faire pour vous soutenir , c’est de vous conseiller de réagir et de monter au créneau tant qu’il est encore temps !

Signez et participez aux enquêtes et aux études que l’on vous propose avant qu’il ne soit réellement trop tard !





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