Mlle Peggy,Infirmière

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94, France
Mes patients m'appellent souvent Mlle Peggy ,c'est une façon pour eux d'établir une proximité sans pour autant être trop familiers,une sorte de formule "intermédiaire" entre le tutoiement et le vouvoiement,qui leur convient et que je trouve charmante.Vous l'aurez donc compris ,mon quotidien est de soigner les corps et les âmes,"les petites histoires de Mlle Peggy" sont des brèves de vies,qui vous feront rire,parfois pleurer,souvent réfléchir,enfin qui vous laisseront rarement indifférents,je pense. Ah j'ai oublié de vous dire mais vous avez du le deviner:je suis infirmière,et je pratique mon art à domicile,en petite banlieue parisienne.Je tiens à préciser que par souçi du respect du secret médical auquel je suis soumise,les lieux,les identités des patients et leurs familles,les pathologies sont modifiés,et les faits sont romancés. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est purement fortuite. Bonne lecture!!!

lundi 30 septembre 2019

Crimée

Ce soir en rentrant d’un congrès infirmier , j’ai remonté la rue de Crimée située à Paris dans le 19 eme arrondissement pour prendre le métro.
« Crimée » une rue que j’avais enfoui aux tréfonds de ma mémoire, presque oubliée tellement elle m’a marqué.
Au rythme de ma promenade les souvenirs refont surface .
Le bruit des portes que l’on ferme, les pleurs d’enfants , les éclats de voix féminins.
Car dans le « Crimée » de mes réminiscences, il n’y avait que des femmes et des petits enfants.
Les larmes étouffées reviennent à ma mémoire .
Et puis peut être le pire, les coups violents certains soirs sur la lourde porte d’accueil fermée après 21h00 accompagnés de hurlements de désespoir, de douleurs, les cris de derniers recours .
J’avais relégué tout cela au plus profond de mes souvenirs .
Y compris La porte que l’on ouvre après avoir vérifié à travers le judas que la personne à l’extérieur est réellement en danger .

Comment ne pourrait elle pas l’être pour en arriver à de telles extrémités?

Ce n’est pas la première fois qu’elle vient mais ce soir, il l’a battue plus violemment que les autres jours, elle a du mal à marcher mais a suffisamment de forces pour porter son bébé qui s’agrippe à elle de toute ses forces , terrorisé lui aussi .
« Crimée » est un refuge de quelques heures, un répit de quelques jours, un sas de survie .

Au moment précis où elle y entre tremblante , le visage tuméfiée par les coups reçus , il n’y a pas d’avenir envisageable, pas d’espoir d’un futur meilleur, juste une pause de quelques heures .
Le lendemain ou le surlendemain elle repartira son enfant sur le ventre vers un ailleurs bien sombre sans promesses mais avec la certitude qu’elle ne reverra certainement jamais « Crimée » .
Comment ai je pu effacer ces 123 femmes que j’ai côtoyé durant plusieurs semaines , hébergées pour violences et mises en danger vital ?
J’y suis.
Je m’arrête devant cette porte qui semble avoir changé mais qui est restée la même .
J’observe le bâtiment, et si je sonnais pour y entrer de nouveau  et dire tout simplement :
« J’ai travaillé ici il y a 20 ans est ce toujours aussi difficile ? Avez vous plus de moyens humains et matériels ? Y a t’il des solutions de sorties pérennes ? »
Il me prendrait certainement pour une folle , j’en suis persuadée. Ou peut être pas ...

C’était il y a 20 ans  et le temps n’exonère pas l’oubli.

J’arrive au bout de la rue de Crimée et je descends dans la bouche béante du métro bouleversée par mes souvenirs mais surtout attristée par ma propre indifférence coupable .

Hier a eu lieu le 108 ieme feminicide depuis le depuis de l’année 2019.

Pax.



#stopauxfeminicideshttps://www.facebook.com/Les-petites-histoires-de-Mlle-Peggy-563008933815238/

Lettre ouverte à mesdames et messieurs les députés.

A Mesdames les députées et Messieurs les députés de la République Française

126, rue de l’université
75007 Paris


               Lettre ouverte à Mesdames les députées et Messieurs les députés : 
                                     
                                   Chronique de milliers de morts annoncées

                                                                                Paris, le 16 Septembre 2019


Mesdames, Messieurs,

Je suis infirmière libérale. 

J'ai créé mon cabinet seule il y a quatorze ans comme des centaines de confrères et de consoeurs avec ce que cela comporte de sacrifices, de risques, de désillusions, d'angoisses, de fatigue, mais aussi d'accomplissement personnel, de choix de vie, d'accompagnements personnalisés, de joies et de profonds chagrins, d'espoirs, de coups de blues, de réconfort et de doutes. 

je suis infirmière libérale.
J'ai crée mon cabinet il y a quatorze ans et j'ai dorénavant un associé.
J'ai soigné des milliers de patients. 
J'en ai vu mourir quelques dizaines que je n'oublierai jamais et que je porte dans mon exercice chaque jour et de nombreuses nuits .

Je me projète souvent en me disant:

" Et quand ce sera mon tour ? 
  Qui sera là pour moi ? 
  Qui m'accompagnera avec empathie, humanité et professionnalisme ?
  Qui sera présent pour me soigner, me défendre, me transporter ? 
  Vraiment, sincèrement avec humanité. "

Je suis infirmière libérale.
Je prends soin de chacun de mes patients 365 jours par an, dimanche et jours fériés inclus depuis de nombreuses années.
Je travaille plus de douze heures par jour, j'écoute la douleur et souvent la misère du monde 

Je suis infirmière libérale.
Je rentre chez moi souvent tard le soir, lasse, en me disant que je ne pourrais pas retourner sur le champs de bataille après les quelques maigres heures de repos nocturnes.
Trop fatiguée mais surtout éprouvant de plus en plus de difficultés à affronter la mort, à apaiser l'angoisse des aidants naturels, à supporter la pénibilité du travail, à faire face à la déchéance du corps, à ressentir le désespoir des proches mais aussi le déni de la réalité. Epuisée de devoir lutter contre la captation de mes patients par des HAD publiques (hospitalisation à domicile) pourtant âpres aux gains, usée par la suspicion des caisses, désespérée par l'annonce des suicides en chaine et les agressions multiples méprisés par le gouvernement actuel .



Je suis infirmière libérale et pourtant je ne suis pas riche.
Je ne correspond pas à l'image d'Epinal du libéral riche qui travaille peu et qui gagne beaucoup .
Je travaille plus de 80 heures par semaine, mes honoraires sont conventionnés et ne suivent pas l'inflation de la vie quotidienne.

Pour exemples:
Une injection est payée 4,50 euros bruts soit 2,30 net  
une prise de sang, 8,58 Soit 4,28 net
un pansement 6.30 euros bruts soit 3 euros net  environ 
Le déplacement aller retour est dédommagé 2,50 euros bruts, je n'ose pas vous dire le net vous connaissez certainement les prix du carburant.

Les infirmiers libéraux ne sont pas nantis, et si nous devions calculer le taux horaire pour la somme de travail abattue, personne ne se lancerait dans ce type de carrière puisque le niveau des charges avoisine les 48% auxquels il faudrait que nous ajoutions les 14% supplémentaires proposés par le projet Delevoye.

Quelles professions seraient capables de supporter une taxation supérieure à 60%?

Je suis infirmière libérale et je cotise depuis mon installation à une caisse autonome de retraite créée en 1948 et indépendante financièrement de l’état.
Pourtant au titre de la solidarité nationale, nous versons 14% de cette épargne constituée sur notre bénéfice net à la collectivité . 
Vous comprendrez donc que comme l'ensemble de mes confrères et consoeurs libéraux je ne dois rien à l'état puisque notre caisse est AUTONOME et que je participe avec mes pairs à l'effort de solidarité en reversant cette part obligatoire à hauteur  de 400 millions d euros .

Alors pourquoi le projet DELEVOYE envisage t'il de doubler le niveau de cette participation  obligatoire de 14% à 28%?

Parce que notre caisse autonome est bénéficiaire et que le régime général est déficitaire ?


Autre injustice terrible de cette majoration, c’est qu’elle n'aura quasiment aucune incidence sur les rentes versées à terme car la valeur du point de retraite sera flottante c’est-à-dire inconnue sur le long terme.

Ce projet DELEVOYE constitue l’ annonce d’ une mise à mort de nombreux cabinets libéraux aux revenus moyens qui ne  pourront pas faire face à cette augmentation de charges massive et programmée. Les nombreuses fermetures entraineront une aggravation de la carence d'offre médicale et paramédicale dans les déserts médicaux et à leur multiplication et sera responsable d' une dégradation massive des soins car les cabinets qui résisteront ne pourront pas faire face à la demande d afflux de soins.

Par ailleurs, les honoraires de nos professions sont conventionnés par l'état donc encadrés, pour une équité  entre tous les bénéficiaires. 

Pour survivre, beaucoup de  professionnels  se "déconventionneront" ce qui impliquera un non remboursement des soins pratiqués, et donc une médecine uniquement accessible aux riches, principe incompatible avec les valeurs de solidarité de notre république.

Le plan DELEVOYE est donc réellement la solution idéale?

Est ce le modèle de soins et de défense que le gouvernement Français désire offrir à ceux qui ont participé toute leur carrière à l'effort de solidarité tant financièrement que sur le terrain, auprès de tous y compris des plus isolés et des démunis ?
Et enfin après une vie consacrée à prendre soin des autres, à défendre leurs droits, est ce réellement le niveau de retraite que notre gouvernement souhaite offrir aux soignants, aux avocats et tous ceux qui cotisent de façon autonome depuis plusieurs dizaines d'années ?

Je vous en prie, mesdames les députées, messieurs les députés, osez refuser cette proposition, manifestez votre opposition au projet DELEVOYE, soyez lucides et justes au nom de tous et toutes,  pour vous personnellement et pour nous professionnellement et humainement.

Peggy D'hahier, Infirmière libérale, et les centaines de milliers de professionnels libéraux en danger .

https://www.facebook.com/Les-petites-histoires-de-Mlle-Peggy-563008933815238/


mercredi 21 novembre 2018

Les oubliés.


Je suis infirmière
Je travaille dans un hôpital public et je suis un des maillon indispensable au bon fonctionnement de l’hôpital public en France
Sans moi, le système s’effondre .
Je suis infirmière
Je travaille dans un ehpad autrement dit une maison de retraite.
J’accompagne les personnes âgées au quotidien.
Sans moi, l’accompagnement de fin de vie dans la dignité est compromis .
Je suis infirmière.
Je travaille dans une clinique privée.
J’effectue des soins polyvalents qui permettent de décharger l’hôpital public .
Sans moi, les cliniques privées sont amenées à fermer leurs portes.
Je suis infirmière.
Je travaille en secteur psychiatrique, l'enfant pauvre du système de soins Français.
Je fais face chaque jour à la douleur morale responsable de suicides, de maltraitançes en tout genre. Je prends en charge des patients atteints de pathologies psychiatriques,stigmatisés, rejetés, méprisés, sans moyens véritables.
Sans moi, des milliers de citoyens souvent à la marge de notre société, n'auraient aucune chance de mener une vie digne et intégrée socialement.
Je suis infirmière.
Je travaille dans une maternité à la campagne qui permet aux femmes d’avoir un lieu de soins et d’accouchement de proximité .
Sans moi, ces lieux ferment les uns après les autres
Je suis infirmière .
Je travaille en PMI
J’accueille, je préviens, j’éduque, j’accompagne.
Sans moi, ces actions de santé publique ne sont plus assurées efficacement.
Je suis infirmière.
Je travaille en libéral en secteur rural.
J’effectue entre cent cinquante et trois cent kilomètres par jour pour me rendre chez des personnes isolées vivant dans des déserts médicaux.
Sans moi, des milliers de personnes ne pourraient bénéficier d’un accès aux soins de proximité décent .
Je suis infirmière .
Je travaille en libéral, en ville .
J’effectue plusieurs dizaines de visites à domicile par jour.
Sans moi, des milliers de personnes, isolées , à mobilité réduite, âgées ne pourraient être soignées dignement .
Je suis infirmière .
Je travaille au bloc opératoire.
Je travaille en réanimation
Je travaille en pédiatrie
Je travaille aux urgences
Je travaille au samu
Je dirige des crèches
Je suis titulaire d’un diplôme universitaire spécialisé en complément de ma formation infirmière initiale .
Sans moi des dizaines de milliers de vies seraient perdues chaque année. 
Je suis infirmière .
Je travaille à l’éducation nationale dans une école élémentaire , un collège un lycée .
J’écoute, j’accompagne, je préviens, j’éduque, je dépiste .
Mon travail represente des actions de terrain essentielles en terme de santé publique
Sans moi, des milliers d’enfants et de jeunes sont en danger .
Je suis infirmière.
Après ma formation initiale de trois années post bac, et au minimum quatre années d'exercice professionnel, j'ai été reçue sur concours à l'école des cadres de santé. Après plusieurs mois de formation je deviens cadre infirmier.
J'encadre et j'organise l'activité du personnel paramédical dans le respect de la législation, j'organise des projets de soins en équipe, je gère les ressources et les moyens des services, je veille au respect de hygiène et de la sécurité des protocoles de soins, j'organise l'accueil et l'encadrement des stagiaires.
J'assure la formation des étudiants en institut de soins infirmiers, futurs professionnels de santé.
Sans moi, la gestion administrative , économique, la sécurité et la continuité des soins infirmiers au sein des hôpitaux, des cliniques des unités de soins spécialisées , disparaissent et paralysent l'activité de notre système de soins.
Sans moi la formation des futurs infirmiers est impossible.
Je suis Infirmière.
Je travaille au sein d’un service de médecine du travail.
J’écoute ,j’accompagne, je dépiste , je préviens.
Mon rôle d’acteur de santé publique est indiscutable.
Sans moi, des milliers de salariés seraient démunis.
Je suis infirmière .
Je travaille en milieu carcéral .
Mon rôle est d’assurer une hygiène sanitaire décente aux sein des établissements pénitenciers .
Sans moi , le medecin garant de la bonne santé des prévenus ne peut rien .
Je suis infirmière .
Je suis militaire et je travaille dans le service de santé des armées.
Je peux être appelée à intervenir dans des pays en guerre, au péril de ma vie.
Sans moi, les interventions qui garantissent la prise en charge des militaires blessés dans des zones de conflits est dysfonctionnel donc inefficace .
Je suis infirmière.
Je travaille dans une organisation humanitaire .
Je participe au sauvetage de populations fuyant les guerres, l’oppression politique.
Sans moi , il est impossible de mener des actions humanitaires sanitaires efficaces .
Je suis infirmière .
J’exerce l’une des professions les plus appréciée en France, en Europe et dans le monde. 
Je suis une infirmière Française.
J’ai reçu une formation d’excellence reconnue et recherchée partout dans le monde.
Les pays européens me recherchent et m'offrent un salaire et des conditions d'exercice confortables avant même que je sois diplômée.
Je suis infirmière.
J’exerce en France, pays qui me propose l’avant dernière place sur la grille salariale des infirmiers dans le monde .
Un plan santé mené par Mme Buzyn ,ministre de la santé , appelé « Ma santé 2022 » est annoncé par le gouvernement de Monsieur Macron en 2018.
Je suis infirmière .
Je suis le maillon indispensable du système de santé Français, sans moi, il s'effondre .
Je souffre depuis de nombreuses années du manque de reconnaissance général mais je résiste autant que faire se peut .
Je découvre alors avec stupeur, que je suis absente de ce nouveau plan santé .
Au lieu de revaloriser notre profession, j'apprends la création de 4000 postes d'auxiliaires médicaux, sorte d' ersatzs d'infirmiers et d'aides-soignants. 
Je constate que l'état accorde la possibilité aux pharmaciens d'effectuer un geste "purement" infirmier: la vaccination anti-grippale .
Nous sommes plus d’un demi-million de soignants chevilles ouvrières indispensables à notre système de santé , nous sommes oubliées, nous nous sentons méprisées par ce gouvernement.
Combien de temps cela va t’il encore durer?
#InfirmieresOubliees #infirmieres #jesuisinfirmiere
A partager sans modération, faites du bruit !




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mercredi 19 septembre 2018





Plan Santé : les 630 000 oubliés !

MÉPRIS six  lettres qui en disent long...

M comme....Mise à l'index

Monsieur le Président de la République, Madame la Ministre de la santé, le nouveau Plan Santé tant attendu par l'ensemble des professionnels a été détaillé le 18 septembre 2018 dans ses grandes lignes. Le constat est sans appel, les infirmiers sont les grands absents de ce grand remaniement à venir.

É comme...Éviction.    

Exit donc les 630 000 professionnels qui oeuvrent toute l'année auprès des patients. Chevilles ouvrières du système de santé, pierres angulaires de l'hôpital public et de la médecine libérale, leur situation n'est pas évoquée dans ce plan où il est question de nouveaux acteurs de soins formés en quelques mois ou de télémédecine pour vous plus rentable et plus rapide. Vos projets aussi ambitieux soient-ils, ont, pour les infirmiers, le goût amer de l'indifférence.

P comme... Professionnels

Professionnels, nous le sommes, aussi auriez-vous pu nous proposer un plan décent dans lequel nous aurions eu la place que nous méritons, une place où nous serions distingués pour notre investissement, nos qualifications et notre expertise, une place qui rappellerait toute l'importance que nous avons dans le système de santé, une place qui nous offre une réelle reconnaissance de nos savoirs, une place qui se substituerait à votre volonté de vouloir créer ce qui existe déjà.

R comme...Respect

Rentabilité, rendement, performance seraient les critères qui définissent notre système de santé ? L'équité et l'efficience devraient quant à elles, garantir l'accès aux soins pour tous ? Les conditions de travail en ville commme à l'hôpital ne nous permettent pas d'atteindre ces objectifs. Exclus des mesures annoncées, vous nous proposez de brader nos compétences si difficilement acquises durant notre formation. Nous considérons que cette omission de votre part est un manque de respect pour toute la profession.

I comme... Ingérence

Et que dire du fait d'autoriser les pharmaciens non formés à pratiquer un geste strictement infirmier dans le cadre de la vaccination anti-grippale ou encore des structures had qui captent parfois la patientèle des infirmiers libéraux ? N'est-ce pas une véritable ingérence voire une concurrence déloyale qui nous sont ici infligées et conduisent quantité de cabinets infirmiers libéraux à mettre la clef sous la porte ?


S comme... Signal d'alarme !

Monsieur le président, madame la ministre, percevez-vous le vent de la révolte ? Entendez-vous la colère de plus d'un demi million de soignants ? Le temps est venu pour votre gouvernement de nous considérer avec Mesure Empathie Priorité Respect Impartialité Sérieux...et non avec mépris !

A partager sans modération !

Myriam alias "La Petite Infirmière dans la Prairie"

Peggy d’Hahier alias "Les petites histoires de Mlle Peggy"

Corinne alias "La Seringue Atomique"
















jeudi 14 juin 2018

Chronique d'une consultation, un jour sans fin .



Cet après-midi je suis à l’hôpital.


Je n’y travaille plus depuis douze ans mais je m’y rends régulièrement depuis quinze ans .  

Je ne l’ai jamais quitté en fait et pourtant il est l’endroit que je déteste le plus au monde, c’est pour cela qu’un jour de l’été 2006 j’ai décidé de ne plus y exercer. 

Et oui chacun d’entre nous est lié de près ou de loin à l’hôpital au travers des événements de la vie qui nous y conduisent irrémédiablement.

En ce qui me concerne , comme toute femme ce sont au travers de mes grossesses que je l’ai fréquenté.

Voici la chronique d’une consultation sans fin



2000: Premier enfant.

Six mois déjà que je me rends à mon rendez-vous mensuel en consultation obstétrique, docilement, en respectant strictement les consignes .

Le parcours se déroule toujours de la même façon . 

J’arrive dans un hall rempli de gens présentants des lésions diverses , des hommes, des femmes et des enfants aux visages fatigués souvent marqués qui semblent attendre quelque chose qui n’arrivera jamais . 

D’un simple coup d’œil on reconnaît «  les usagers de l’hôpital quasiment professionnels » à leur attitude affirmée , à leur connaissance des lieux , à leur expertise concernant le fonctionnement de chacun des services qu’ils écument depuis des années . Ils parlent souvent fort , conseillent leurs voisins de salle d’attente, interpellent les agents hospitaliers de façon familière , et connaissent même certaines secrétaires par leur prénom. 

Me voilà donc dans cet univers particulièrement inhospitalier, et  une fois dans le hall bondé, il est nécessaire de prendre un numéro pour pouvoir passer à l’un des guichets ouverts , une petite angoisse m’ étreint toujours au moment précis où je fais mon choix sur l’écran tactile me proposant :

1-Consultations 
2-Prise de rendez vous 
3-Hospitalisation

Je choisis timidement l’onglet « consultations » et le papier s’imprime lentement en laissant apparaître le numéro 456 . 

Presque de façon réflexe , chacun de ceux qui prennent leurs tickets regardent les écrans au dessus de chacun des box qui affichent les numéros en cours de réception. 

Ils regardent l’écran , vérifient leur numéro, souvent avec un regard incrédule, tournent le bon, au cas où il y aurait un numéro magique inscrit en filigrane qui donnerait le privilège de ne pas subir l’attente qui s’annonce . 

Dernière vérification, chacun finit par rejoindre une place assise en évitant de s’assoir à côté des plus  souffreteux , qui sont des représentations presque caricaturales de la maladie qu’on ne veut pas avoir à regarder en face .

Je fais comme chacun d’entre eux . 

Il y a vingt « numéros » avant moi qui représentent vingt personnes qui souhaiteraient ne pas avoir à être là.

J’ai rendez vous à 15h00 il est 13h45 . 

J’ai bien peur de ne pas être à l’heure . 

La sage femme m’attendra sûrement , elles sont 3 à assurer les consultations et ont du mal à tenir les délais surtout si elles ont assuré une garde la nuit précédente ....

Quarante-cinq minutes plus tard , mon numéro s’affiche au dessus du box 2 . 

Durant ce temps j’ai observé la vie autour de moi , cette existence de lutte pour les patients et je me suis rappelé de ma vie d’avant , celle d’infirmière à l’hôpital en voyant toutes ces blouses blanches passer , courir , s’interpeller , sortir quelques minutes fumer une cigarette avec une collègue en racontant qu’elles n’en peuvent plus de ce rythme exténuant . 

Et puis une sonnette stridente me sort de ma torpeur puis une seconde agacée. 

A mon tour !

Me voilà face à un employé administratif qui ne daigne même pas poser un regard sur moi me tend la main à la façon d’un automate , geste signifiant que je dois lui remettre le sésame pour être face à elle : le bon numéro 456 .

Je me demande à cet instant précis si cette femme a toujours travaillé ainsi , si à un moment donné, elle a considéré avec respect la personne qui se trouvait face à elle  ou si cette lassitude , cette froideur , cette distance sont arrivées progressivement à force d’usure . 

Elle prend le bon qu’elle jette dans une corbeille déjà bien remplie . 

Je reste debout . 

L’échange qui suit est purement administratif.

«  vous êtes suivi dans quel service ? » 

-heu ben comme la plupart des femmes enceintes , en obstétrique... Je tente un peu d’humour mais elle n’a pas l’air d’apprécier . 

« Date de début de grossesse ? »

« Adresse inchangée ? »

« Téléphone ? C’est bien le 067432####? »

« Date de naissance? »

« Heure du rendez-vous ? »

Un dialogue passionné commence entre son ordinateur et elle . Elle s’adresse à sa machine avec empathie , avec affection toujours sans aucun regard vers moi . 

« Allez mon coco , accélère un peu ! Ne me plante pas maintenant ! Voila t’es sympa ! »

L’imprimante se déclenche et commence une longue impression de feuilles . 

Silence . J’entends le brouhaha des conversations murmurées , le bruit des portes coulissantes qui s’ouvrent et se referment sans cesse, le roulement caractéristique des brancards métalliques. 

Tout est froid et gris . 

15h15 . J’arrive en consultation d’obstétrique. 

Je me suis toujours demandé pourquoi l’ambiance dans les services destinés aux mères et aux enfants était toujours aussi mièvre . 

Des murs vieux rose délavés , des affiches parlant des comportements à risques chez la femme enceinte sur fond de nuages blancs , bleus ciel avec nounours pour les garçons licornes pour les filles et de jolis arcs-en-ciel pour couronner le tout . La femme enceinte se retrouve réduite au travers de ces représentations abêtissantes au statut de mère qui va pouponner comme dans les livres pour tout petits . 

Solange , l’infirmière de l’ accueil me voit arriver de loin . Je lui donne à peu près 55 ans . Elle porte une blouse blanche au col et au revers de manches bleu ciel et les fameuses chaussures de bloc en plastique de couleur violette personnalisées avec des petites broches . 

Son badge est un badge en bois avec une licorne peinte , son prénom y est inscrit ainsi que sa fonction : « ide ». 

« Voilà Mme d’Hahier ! Marcelle ressort son dossier elle arrive ! »

Je m’approche un peu gênée.

« Bonjour , veuillez m’excuser pour le retard mais..... »

« C’est bon êtes là, mais dépêchez vous , enlevez vos chaussures et montez sur la balance ! »

Je rentre dans la salle de soins où cinq mères sont déjà présentes . 

Les regards se tournent vers moi . 

Solange à haute et intelligible voix : 

« alors ça donne quoi tout ça ? 
58 kilos ! Ok . 
Le contrôle de la toxo  vous avez pensé à l’amener ? 
Parce que vous êtes négative vous c’est ça ….oui c’est ça ? 
CATHERINE IL Y A LE BILAN DE MADAME D’HAHIER! »

  • TU PEUX LE FAIRE JE PERFUSE MADAME GÉMELLAIRE ??

« ÇA MARCHE ! »

Silence .

« Allez Madame d’ Hahier , installez vous dans le fauteuil , je vais prélever votre bilan ma collègue est débordée, on a une dame qui est venue pour sa consultation mensuelle et puis bingo hospi pour HTA ,vous êtes du métier vous savez ce que c’est!  Vous travaillez à quel endroit vous ?»

Non seulement chaque personne présente dans la salle  est à l’affût de ma réponse concernant ma vie professionnelle mais chacune secrètement tente d’imaginer le terme de ma grossesse mais aussi le poids que j’ai éventuellement pris et je ne sais quoi d’autre encore .

Évidemment elles auront les réponses à chacune de leurs interrogations dans les secondes qui suivent puisqu’il n’y a aucune intimité ni aucun respect des informations me concernant personnellement mais ayant attrait à chacune des personnes présentes dans la salle d’examen.

Je me demande à quel moment Solange est elle passée de l’étudiante hésitante mais motivée et avec des idéaux quand à sa façon  d’exercer en terme de respect , d’empathie, d’écoute attentive, de « bonne distance » à cette professionnelle désinvolte, ne respectant aucun des codes de savoir-être soignant qui lui ont été enseignés. 

Comment en est elle arrivée là ? 

Que s’est il passé durant ces trente dernières années d’exercice ?

Et ce qui m’interpelle le plus c’est qu’elle seule épanouie et à l’air d’être tôt à l’air tout à fait satisfaite de sa face de mener les choses . 

C’était ma première grossesse . Sans histoires. 

2003 , second enfant.

Rien n’a changé , Solange est toujours là , égale à elle même. 

J’ai finit par m’y habituer même si je trouve toujours son attitude parfois intolérable. 

Je suis suivie en « grossesse pathologique » c’est à dire que contrairement aux autres mères j’ai un régime à part puisque je ne suis plus une simple femme enceinte avec une surveillance médicale protocolaire ordinaire mais je suis malade . 

Le développement du bébé est préoccupant , ce qui induit une surveillance serrée , hebdomadaire et une foule d’examens.

Je suis toujours dans le service rose bonbon mais dans l’aile gauche , celle où aucune femme ne veut avoir à se rendre au cours de sa maternité. 

Les futures mères ne savent pas précisément ce qui s’y passe mais elles imaginent des choses terribles. 

Elles ont bien raison . 

En quelques minutes , le temps d’une échographie, on est transféré dans le couloir de gauche sans sommations, et on se retrouve de l’autre côté du miroir , toujours mièvre mais silencieux. 

Ce qui marque ici c’est le silence, ponctué des sons des appareils que l’on entend au travers des portes fermées ou entre ouvertes, le battement des petits cœurs étouffés bruit caractéristique des échographes posés sur le ventre de ces futures mères dites « à risques ». 

C’est le monde du silence non pas façon Cousteau mais façon Assistance publique. 

Dans ce monde, dans la fameuse aile gauche , on vous examine , en silence , on étudie votre corps , ses transformations, celui de votre enfant , en silence , on vous pose des questions auxquelles vous répondez mais la personne qui vous interroge ne vous en dit pas plus et vous laisse sans réponses . 

Silence et attente . Interminable. Le temps n’a plus de sens . Il est ponctué par des rituels sans âme , sans chaleur. 

Les équipes changent toutes les 7h30 . Les visages se succèdent, souvent marqués, toujours pressés, au discours souvent frustrés par le manque de temps , de moyens, 

La solitude est de mise . 

Comment peut-on aimer cet endroit ? Comment peut-on supporter de travailler dans ce type de lieu où se côtoie les larmes , la maladie, la mort , la solitude , la violence verbale parfois physique à l’égard de tous soignants et patients ?

Je pourrais reconnaitre les yeux bandés que me trouve dans un établissement de soins, tout d’abord par l’odeur qui y règne. 

Cette odeur si caractéristique de sang mêlé et d’antiseptiques qui imprègne chaque pièce.


Trois années déjà que j’y travaille en essayant de pratiquer autrement en me heurtant aux règles implacables de l’administration, aux protocoles incontournables. Aux manques multiples , de moyens et d’envies, aux restrictions budgétaires induisants une baisse des effectifs et une augmentation du nombre moyen de patients à prendre en charge par infirmière. 

18 novembre 2003 mon fils naît atteint d’une pathologie grave . 

Ce même jour , je décroche mon téléphone, je compose le numéro de la cadre du service dans lequel je travaille pour l’informer que mon retour se fera à une date indéterminée pour le moment . 
Je raccroche, je sais que cette décision est la meilleure que je puisse prendre dans ce moment de survie .  
J’ai besoin de toute l’énergie nécessaire pour accompagner mon enfant dans ce parcours difficile au sein d’une institution que je connais bien et pour le faire je ressens ce besoin irrépressible de m’en détacher . 

2010 Troisième enfant . 

Sept années ont passées . 

Sept années à écumer les couloirs des urgences  pédiatrie, de la réa , des soins intensifs .

En tant que parent . 

Avec un regard de parent et une expérience de soignante, d’infirmière. 

Situation atypique que la majorité des gens considère « plus simple » «  moins stressante puisque tu sais », et si c’était l’inverse , ont ils seulement imaginé que cela est encore plus difficile puisque notre titre ne nous autorise pas l’erreur d’appréciation et accentue la culpabilité non justifiée mais présente à jamais, quoiqu’il en soit . 

De l’autre côté ,les soignants profitent souvent de ce statut en vous demandant de pratiquer certains soins qu’ils vous délèguent car ils oublient que vous êtes  présente en tant que mère et non en tant que consœur . 

Je refuse d’être l’infirmière de mon fils . 

J’ai d’ailleurs pris le large de l’institut un jour d’Aout 2006 . 

Ce jour là , une auxiliaire de puériculture a proposé de but en blanc à une jeune mère qui venait d’accoucher d’un enfant porteur d’une trisomie 21 , de l’abandonner en prétextant que «la vie avec un trisomique n’est pas forcément facile » et que ça serait mieux pour elle de le laisser et de partir . 

Ce jour là , a été pour moi le dernier de ma carrière hospitalière. 

Ce jour là , j’ai refusé de continuer à collaborer avec un système détruisant plus qu’il ne construit, n’accompagnant pas dignement chacun de ceux qui en avait besoin, ne respectant pas chacun de ceux qui y travaillent durement, donnant naissance à des soignants qui ne sont plus aidants car ils ne sont pas considérés humainement et qu’ils sont usés par le système. 

Ce jour là  a été le jour où j’ai décidé de ne plus subir ce système. 

Ce jour là , j’ai ressenti un sentiment de liberté . 

30 juillet 2010 , j’arrive aux urgences obstétriques pour accoucher . 

Je suis infirmière libérale depuis 2006 . J’ai créé mon cabinet seule . 

Après une journée de boulot intense , je rentre à la maison . 

Épuisée. 

Les contractions ressenties tout au long de la journée se précisent ,les douleurs s’intensifient, les antispasmodiques  ne les soulagent pas , le bain non plus....

Mon mari me persuade que c’est le moment. 

À contre cœur , nous partons pour les urgences . 

Je suis aguerrie maintenant et je connais par cœur les codes qui ouvrent les bonnes portes . 
Je maîtrise la langue aussi . 

Nous voici à l’accueil . 

La douleur est à son paroxysme. 

L’infirmière de régulation m’accueille de façon classique , d’emblée je fixe les règles du jeu :

«  Bonsoir , je suis une 3ème pare, 3ème geste, 40 semaines d’aménorrhées, contractions toutes les 15 minutes sur 1h00 et qui sont passées à 10 minutes depuis 30 minutes, il n’y a aucun doute je suis en train d’accoucher ! »

Mon regard est intense et n’invite pas à la conversation longue . Elle est troublée :

«  vous êtes médecin? »

-Non je suis infirmière. 

La maternité est blindée . 

J’ai une fièvre de cheval depuis trois jours et je suis au « service porte » des urgences une sorte d’antichambre entre les urgences et le service que l’on doit rejoindre. 

Je ne vois quasiment personne à part l’infirmière qui vient changer le pochon de l’hydratation et des antibiotiques trois fois par jour , personne de la maternité puisque je « gère »  seule .

Seule . 

L’hôpital regorge des agents seuls des employés aux malades , finalement chacun , individuellement cherche à sauver sa peau .

L’hôpital se craquelle de toutes parts , les soignants craquent , les suicides se multiplient dans l’indifférence générale, les ministres se succèdent, la situation s’aggrave chaque jour un peu plus mais les déclarations rassurantes se succèdent les unes après les autres . 

En 2010 , le cheval de bataille de Madame Roselyne Bachelot alors ministre de la santé dans le gouvernement Fillon , est le lavage des mains ….


Les années suivantes Madame Marisol Touraine durant la présidence de François Hollande quand à elle ignore complètement le malaise des soignants et va même jusqu’à le nier . 

13 juin 2018 .

Je sors d’une après-midi passée aux urgences avec second  mon fils. 

Il a 14 années de soins derrière lui .

Il sait repérer les failles , pose dorénavant des questions sur les dysfonctionnements des services qu’il fréquente , me demande d’intervenir quand l’attente est trop longue , quand la douleur n’est pas soulagée , quand la solitude se fait trop pesante ,quand il n’obtient pas de réponses à des questions simples , quand il ne comprend pas la raison de certains gestes , quand il ne veut pas rester seul la nuit, quand l’angoisse l’étreint .

Je pallie  aux manquements du système, mais comment cela se passerait il si je n’étais pas présente jour et nuit , comme cela se passe t’il pour les patients seuls , isolés ,sans famille?

L’accueil est identique , impersonnel, froid, l’infirmière ne fait face à son ordinateur , pose des questions en tapant sur son clavier sans lever la tête vers nous , une autre blouse blanche entre sans se présenter , demande à mon fils de se mettre torse nu sans explication en dehors de :

« Je dois contrôler quelque chose ».

Je l’observe , elle mesure sa fréquence respiratoire, elle n’est pas concentrée , répond à d’autres questions concernant un autre enfant , reprend sa mesure, une minute de silence, mon fils me regarde avec un air moqueur qui a l’air de dire :

«  Vas-y , dis lui que tu es infirmière tu enterres d’envie ! »

Le temps s’écoule , l’infirmière lui dit:

« Alors ? »

-18

« La temp ? »

  • 2 secondes 

Elle prend un thermomètre et sans un mot tourne la tête de l’enfant et mesure sa température au niveau de l’oreille.

-37°7. Tu peux te rhabiller .

« Bon alors que se passe t’il exactement ? »

A nouveau , je fixe les règles en me mettant à parler un langage qu’elles connaissent et bien et que seul un de leurs pairs peut maitriser .

Les visages changent , l’attitude aussi , elles comprennent la situation instantanément mon fils jubile !

« Vous avez l’air de bien connaitre le sujet? »

- 14 ans de pratique ça aide ! 

« Ah oui je viens de voir c’est un enfant connu ici, bon ben mon petit loulou on va t’installer ne t’inquiète pas ! »

A moi :

«  Vous êtes du milieu? »

  • Oui . Je suis infirmière .

« Ah je me disais bien aussi , tout s’explique ! »

Ce 13 juin 2018 nous quittons les urgences après y avoir passé  cinq heures trente . 

Nous devons revenir dans vingt quatre heures faute de lit disponible mais avec la consigne stricte de ne pas hésiter à revenir «  si besoin » . 

Le vent est froid et le temps est gris, le soir avance à grands pas . 

Nous traversons le parking , complet à notre arrivée et clairsemé à cette heure tardive , nous montons dans la voiture .

Je mets le contact et la radio s’allume instantanément.

« Vous êtes bien sur Europe 1 , voici le journal de 18h00: 

D’après une étude au moins 100.000 patients ont dû passer la nuit sur un brancard dans un service d'urgences depuis début janvier, faute de lits d'hospitalisation disponibles, a estimé mercredi le syndicat Samu-Urgences de France, dénonçant un "scandale sanitaire . »

Mon fils me regarde en écarquillant les yeux pétillant heureux de ne pas rester ce soir , je lui souris.

Combien de temps de survie  reste il à l’hôpital public Madame Buzyn ? 

Combien de temps encore d’appels à l’aide, les familles, les patients et les soignants vont ils encore devoir lancer pour essayer de trouver le moyen de sortir d’un tel marasme humain?

Des témoignages comme le mien sont pléthores , chaque jour nous en trouvons des centaines depuis tellement d’années maintenant , comment a t’on pu en arriver là ?


2000-2018 : Consultation, un jour sans fin .

Avertissement : 

Les personnages de ce récit ne sont pas fictifs , toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existés n’est pas fortuite.