Mlle Peggy,Infirmière

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94, France
Mes patients m'appellent souvent Mlle Peggy ,c'est une façon pour eux d'établir une proximité sans pour autant être trop familiers,une sorte de formule "intermédiaire" entre le tutoiement et le vouvoiement,qui leur convient et que je trouve charmante.Vous l'aurez donc compris ,mon quotidien est de soigner les corps et les âmes,"les petites histoires de Mlle Peggy" sont des brèves de vies,qui vous feront rire,parfois pleurer,souvent réfléchir,enfin qui vous laisseront rarement indifférents,je pense. Ah j'ai oublié de vous dire mais vous avez du le deviner:je suis infirmière,et je pratique mon art à domicile,en petite banlieue parisienne.Je tiens à préciser que par souçi du respect du secret médical auquel je suis soumise,les lieux,les identités des patients et leurs familles,les pathologies sont modifiés,et les faits sont romancés. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est purement fortuite. Bonne lecture!!!

lundi 30 septembre 2019

Lettre ouverte à mesdames et messieurs les députés.

A Mesdames les députées et Messieurs les députés de la République Française

126, rue de l’université
75007 Paris


               Lettre ouverte à Mesdames les députées et Messieurs les députés : 
                                     
                                   Chronique de milliers de morts annoncées

                                                                                Paris, le 16 Septembre 2019


Mesdames, Messieurs,

Je suis infirmière libérale. 

J'ai créé mon cabinet seule il y a quatorze ans comme des centaines de confrères et de consoeurs avec ce que cela comporte de sacrifices, de risques, de désillusions, d'angoisses, de fatigue, mais aussi d'accomplissement personnel, de choix de vie, d'accompagnements personnalisés, de joies et de profonds chagrins, d'espoirs, de coups de blues, de réconfort et de doutes. 

je suis infirmière libérale.
J'ai crée mon cabinet il y a quatorze ans et j'ai dorénavant un associé.
J'ai soigné des milliers de patients. 
J'en ai vu mourir quelques dizaines que je n'oublierai jamais et que je porte dans mon exercice chaque jour et de nombreuses nuits .

Je me projète souvent en me disant:

" Et quand ce sera mon tour ? 
  Qui sera là pour moi ? 
  Qui m'accompagnera avec empathie, humanité et professionnalisme ?
  Qui sera présent pour me soigner, me défendre, me transporter ? 
  Vraiment, sincèrement avec humanité. "

Je suis infirmière libérale.
Je prends soin de chacun de mes patients 365 jours par an, dimanche et jours fériés inclus depuis de nombreuses années.
Je travaille plus de douze heures par jour, j'écoute la douleur et souvent la misère du monde 

Je suis infirmière libérale.
Je rentre chez moi souvent tard le soir, lasse, en me disant que je ne pourrais pas retourner sur le champs de bataille après les quelques maigres heures de repos nocturnes.
Trop fatiguée mais surtout éprouvant de plus en plus de difficultés à affronter la mort, à apaiser l'angoisse des aidants naturels, à supporter la pénibilité du travail, à faire face à la déchéance du corps, à ressentir le désespoir des proches mais aussi le déni de la réalité. Epuisée de devoir lutter contre la captation de mes patients par des HAD publiques (hospitalisation à domicile) pourtant âpres aux gains, usée par la suspicion des caisses, désespérée par l'annonce des suicides en chaine et les agressions multiples méprisés par le gouvernement actuel .



Je suis infirmière libérale et pourtant je ne suis pas riche.
Je ne correspond pas à l'image d'Epinal du libéral riche qui travaille peu et qui gagne beaucoup .
Je travaille plus de 80 heures par semaine, mes honoraires sont conventionnés et ne suivent pas l'inflation de la vie quotidienne.

Pour exemples:
Une injection est payée 4,50 euros bruts soit 2,30 net  
une prise de sang, 8,58 Soit 4,28 net
un pansement 6.30 euros bruts soit 3 euros net  environ 
Le déplacement aller retour est dédommagé 2,50 euros bruts, je n'ose pas vous dire le net vous connaissez certainement les prix du carburant.

Les infirmiers libéraux ne sont pas nantis, et si nous devions calculer le taux horaire pour la somme de travail abattue, personne ne se lancerait dans ce type de carrière puisque le niveau des charges avoisine les 48% auxquels il faudrait que nous ajoutions les 14% supplémentaires proposés par le projet Delevoye.

Quelles professions seraient capables de supporter une taxation supérieure à 60%?

Je suis infirmière libérale et je cotise depuis mon installation à une caisse autonome de retraite créée en 1948 et indépendante financièrement de l’état.
Pourtant au titre de la solidarité nationale, nous versons 14% de cette épargne constituée sur notre bénéfice net à la collectivité . 
Vous comprendrez donc que comme l'ensemble de mes confrères et consoeurs libéraux je ne dois rien à l'état puisque notre caisse est AUTONOME et que je participe avec mes pairs à l'effort de solidarité en reversant cette part obligatoire à hauteur  de 400 millions d euros .

Alors pourquoi le projet DELEVOYE envisage t'il de doubler le niveau de cette participation  obligatoire de 14% à 28%?

Parce que notre caisse autonome est bénéficiaire et que le régime général est déficitaire ?


Autre injustice terrible de cette majoration, c’est qu’elle n'aura quasiment aucune incidence sur les rentes versées à terme car la valeur du point de retraite sera flottante c’est-à-dire inconnue sur le long terme.

Ce projet DELEVOYE constitue l’ annonce d’ une mise à mort de nombreux cabinets libéraux aux revenus moyens qui ne  pourront pas faire face à cette augmentation de charges massive et programmée. Les nombreuses fermetures entraineront une aggravation de la carence d'offre médicale et paramédicale dans les déserts médicaux et à leur multiplication et sera responsable d' une dégradation massive des soins car les cabinets qui résisteront ne pourront pas faire face à la demande d afflux de soins.

Par ailleurs, les honoraires de nos professions sont conventionnés par l'état donc encadrés, pour une équité  entre tous les bénéficiaires. 

Pour survivre, beaucoup de  professionnels  se "déconventionneront" ce qui impliquera un non remboursement des soins pratiqués, et donc une médecine uniquement accessible aux riches, principe incompatible avec les valeurs de solidarité de notre république.

Le plan DELEVOYE est donc réellement la solution idéale?

Est ce le modèle de soins et de défense que le gouvernement Français désire offrir à ceux qui ont participé toute leur carrière à l'effort de solidarité tant financièrement que sur le terrain, auprès de tous y compris des plus isolés et des démunis ?
Et enfin après une vie consacrée à prendre soin des autres, à défendre leurs droits, est ce réellement le niveau de retraite que notre gouvernement souhaite offrir aux soignants, aux avocats et tous ceux qui cotisent de façon autonome depuis plusieurs dizaines d'années ?

Je vous en prie, mesdames les députées, messieurs les députés, osez refuser cette proposition, manifestez votre opposition au projet DELEVOYE, soyez lucides et justes au nom de tous et toutes,  pour vous personnellement et pour nous professionnellement et humainement.

Peggy D'hahier, Infirmière libérale, et les centaines de milliers de professionnels libéraux en danger .

https://www.facebook.com/Les-petites-histoires-de-Mlle-Peggy-563008933815238/


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