Mlle Peggy,Infirmière

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94, France
Mes patients m'appellent souvent Mlle Peggy ,c'est une façon pour eux d'établir une proximité sans pour autant être trop familiers,une sorte de formule "intermédiaire" entre le tutoiement et le vouvoiement,qui leur convient et que je trouve charmante.Vous l'aurez donc compris ,mon quotidien est de soigner les corps et les âmes,"les petites histoires de Mlle Peggy" sont des brèves de vies,qui vous feront rire,parfois pleurer,souvent réfléchir,enfin qui vous laisseront rarement indifférents,je pense. Ah j'ai oublié de vous dire mais vous avez du le deviner:je suis infirmière,et je pratique mon art à domicile,en petite banlieue parisienne.Je tiens à préciser que par souçi du respect du secret médical auquel je suis soumise,les lieux,les identités des patients et leurs familles,les pathologies sont modifiés,et les faits sont romancés. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est purement fortuite. Bonne lecture!!!

jeudi 19 juin 2014

1er Mai déjanté!!!

Aujourd’hui, c’est la fête du travail donc je travaille, comme tous les jours d’ailleurs!!!
11h00
Un patient m'appelle me dit:
"Vous ne passeriez pas devant une pharmacie par hasard?"
"Euh non…."
"Non parce ce que ma femme est incapable d'en trouver une ouverte donc comme j'ai besoin de 2-3 trucs, je me suis dit que ce serait peut-être dans vos cordes!!!" 
Mais bien sûr....
17h30
Je travaille tranquillement au cabinet et j'entends des gens entrer dans la salle d'attente. Surprise car je n'attends plus personne, je sors de mon bureau et je vois un jeune couple lisant les noms inscrits sur les portes des bureaux. Ils passent devant moi souriants, les mains pleines de cartes de visites...
Je les salue et je leur demande s’ils ont besoin d’aide.
La femme me répond très naturellement :
"Non merci en fait nous venons d'emménager et on profite de ce jour de repos pour visiter les prestataires de santé du quartier!!!"
Voilà une façon bien originale de se reposer!!!
20h30
J’arrive chez une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer et en entrant dans la maison l’alarme se déclenche !!!Une sonnerie de plus en plus aigüe se met à résonner dans la propriété et bientôt dans tout le quartier…..
Ou se trouve le code ?
Je demande à Mme Lilas de me l’indiquer mais évidemment elle ne s’en souvient pas et nous avons de plus en plus de mal à nous entendre…
Le téléphone sonne et à ma grande horreur c’est un agent de sécurité qui est à l’autre bout du fil :
« Bonjour, nos services ont été alertés par une alarme d’intrusion, pouvez-vous me donner le mot de passe ? »
« Et bien en fait, je suis l’infirmière et…. »
« Pouvez-vous me donner le mot de passe Madame, nous allons envoyer une équipe d’intervention sur place »
Une équipe d’intervention ???Oulla, je sens que je ne vais pas rentrer tôt ce soir, à moins que je m’en aille maintenant mais je ne peux pas laisser Me Lilas seule dans ce vacarme….Mon esprit est en ébullition, cette dame ne se souvient à peine du prénom de ses enfants comment pourrait-elle se souvenir du mot de passe…
« Alors Madame ? » le gars s’impatiente
« Un instant  Monsieur…..dites-moi Madame quel est le mot de passe pour l’alarme ? »
« Pardon ? »
« LE MOT DE PASSE POUR L’ALARME ? »
« Ah, pas la peine de crier je ne suis pas sourde !!! Lilas »
« Pardon ? »
« L-I-L-A-S! »
« Lilas? »
“ Oui lilas et puis laissez-moi tranquille avec vos questions et éteignez cette musique !!! »
Je tente ma chance et je dis au type du raid que le mot de passe est « lilas ».
Et là, Dieu merci, il valide ma réponse !!!
J’ai perdu l’audition de l’oreille gauche mais une chose est sure c’est que je ne suis pas prête d’oublier cette journée !!!!

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lundi 16 juin 2014

Dommages collatéraux.



Mr K. vit avec sa femme dans un appartement situé au 6ème étage d’un immeuble cossu, dans un quartier résidentiel. Je suis devenue « leur infirmière » depuis maintenant deux ans,  à raison de deux passages par jour et j’apprends chaque jour un peu plus quelle a été leur existence.

Et quelle vie !!!

Ils ont traversé le 20ème siècle au rythme des guerres, des privations, de la peur, de la perte des êtres chers, de la souffrance, de la douleur, ils ont connu la jeunesse, la fleur de l’âge, les périodes prospères, la réussite professionnelle, les naissances de leurs cinq enfants, des mariages, des départs, l’arrivée des petits –enfants, la vieillesse, et puis aujourd’hui, la fin de cette grande aventure qui est arrivé si vite….

94 ans et toujours main dans la main.

Mr et Me K se rencontrent  en 1936, ils ont 16 ans et fréquentent le même lycée. Issus tous les deux d’un milieu modeste, ils vivent dans le quartier de la République à  Paris. Le père de Mr K est tailleur et travaille dans un petit atelier non loin de chez l’appartement familial. Sa mère reste au foyer pour s’occuper des quatre enfants et fait des ménages quand les fins de mois sont difficiles. Quant aux parents de Me K, ils sont employés à la mairie du 11ème arrondissement, sa fille est plus douce car elle est fille unique.

Leur prime jeunesse se passe dans l’insouciance et la joie de vivre ensemble, 1939 va sonner la fin de cette période heureuse, Mr et Me K sont juifs, ils ont 19 ans, six années de clandestinité et de grande difficulté vont suivre.

Très vite ils s’engagent dans la résistance, et ils rejoignent le réseau de Jean Moulin.
Ils sont actifs, ils prennent des risquent,  ils ont l’insouciance et le courage de leurs vingt ans.
Les deux familles vont souffrir car il y aura des séparations, Mr K va perdre un de ses frères, mais les deux familles survivront au marasme de la guerre.

Ils se marient en  décembre  1946 entourés de leurs parents et des frères et sœurs de Mr K, dix ans après leur rencontre un soir de 14 juillet.

Leur vie va suivre, cinq enfants, des joies, des peines, mais ils ne se quitteront jamais.

Aujourd’hui Mr K est seule, sa femme adorée souffre de la maladie d’Alzheimer, elle est donc présente physiquement mais complètement absente autrement.

Ils m’attendent tous les jours, le matin à partir de 9 heures et le soir à 19 heures.
Mes passages sont les rituels qui ponctuent le début et la fin de leurs journées.
En revanche, ils ne reçoivent personne d’autre.

Les enfants sont tous très occupés professionnellement, ils téléphonent à leurs parents une fois par semaine pour « prendre des nouvelles », promettent de « passer  bientôt » mais ils ne viennent jamais.
C’est certainement trop difficile pour eux de constater l’altération de l’état de leurs parents, la fuite et l’évitement sont des formes de protection….

Pas un jour ne passe sans que Mr K. ne me raconte  un peu plus de sa vie.

 Il est un livre ouvert, dans tous les domaines de la Vie : l’Amour, le Travail, l’Education, la Tolérance, l’Abnégation, le Courage, la Lâcheté aussi, la Haine, le Rejet de l’Autre, il m’estime,  il m’élève et m’enrichit, j’ai l’impression de fréquenter un sage bienveillant et protecteur.

Il est le passé, je suis le lien qui le maintient dans le présent.

Pourtant, Mr k est fatigué et demande de l’aide à ses enfants depuis plusieurs semaines maintenant.

Me K est de plus en plus difficile à gérer, les violences sont quotidiennes, son époux souffre mais il s’oppose radicalement au placement en institution.
Il souhaite que les enfants s’investissent d’avantage dans la prise en charge de leur mère et l’épaulent  pour mettre en  place une stratégie de maintien à domicile efficace.

Dix ans déjà qu’il prend soin d'elle jour et nuit.

Ce soir, il est préoccupé, ses enfants doivent arriver d’une minute à l’autre, ensemble, ils prendront une décision.

Mr K. m’avoue ne pas être très optimiste pour la suite car il a l’impression que ses enfants ne se rendent pas compte des difficultés rencontrées au quotidien.

Nous discutons et au moment de le quitter, il m’interpelle, il rechausse  la monture doré de ses lunettes rondes, ses yeux bleus clairs d’habitude si rieurs sont sombres, il me fixe du regard :

« Peggy, attendez un instant, connaissez-vous un notaire sérieux ? »

« Non, pas vraiment ! »

« Ce n’est pas grave mon petit, rentrez chez vous et  reposez-vous, je compte sur vous demain matin ! »

« Vous pouvez !!!Bonne soirée Monsieur, à demain ! »

« C’est ça, à demain…. »

Je suis perplexe, je regarde cet homme âgé se lever avec difficulté.

Il est vouté, le pas mal assuré, sa canne lui échappe et tombe bruyamment sur le parquet. Il essaye de se baisser pour la ramasser et soudainement j’éprouve un sentiment  de gêne en voyant cet homme usé, ne pas se résigner. J’interviens et je la lui ramasse en prétextant sur le ton de l’humour la politesse de l’âge. Il n’est pas dupe mais il est touché par le geste, il me sourit tristement et je le quitte.

Le lendemain matin, la journée est douce et printanière.

Je commence très tôt quand la ville est encore endormie, je croise  ceux que j’appelle « les travailleurs  décalés », c’est-à-dire tous ceux qui travaillent « hors normes » en terme d’horaires.

Les éboueurs, les livreurs, les gens qui terminent leur nuit de labeur et rentrent chez eux au moment où le commun des mortels se lève pour se préparer à aller travailler, tous mes frères d’armes reconnaissables à leurs caducées fixés aux pare-brise : préleveurs de laboratoires, kinés, auxiliaires de vie, aide-soignant, infirmières, médecins sont de la partie, nous sommes dans un monde intermédiaire quelques instants durant.

Ma montre affiche neuf heures, j’arrive chez Mr K.

Je réfléchis au soin que j’ai à réaliser chez le patient suivant car c’est un acte douloureux et j’aimerai que ça se déroule de la façon la plus sereine possible pour le malade.

J’arrive dans le hall de l’immeuble de Mr K. et je croise comme tous les matins une dame âgée qui vit au rez de chaussée, éternellement en robe de chambre qui semble plus désorientée qu’à l’accoutumée.

Elle s’approche de moi et me dit en chuchotant :

« Je viens de le voir tomber, on va avoir du mal à le récupérer !!! »

Et elle rentre chez elle en claquant la porte.

Je me mets à penser qu’il faudrait vraiment que quelqu’un s’occupe de cette pauvre femme avant qu’il lui arrive quelque chose de grave…

Je sonne à l’interphone :

« Oui ? » 

Surprise, je reconnais la voix de Me K. qui ne répond jamais  aux appels.

« C’est Peggy, l’infirmière… »

Le clic caractéristique qui déverrouille  la porte se fait entendre.
Perplexe, je monte dans l’ascenseur et j’appuie sur le 6ème étage.
Pourquoi est ce Me K. qui a répondu ????
J’y suis, je frappe, Me K. m’ouvre, seule.
Mon rythme cardiaque commence à s’accélérer.

« Bonjour Madame, comment allez-vous ? »

« Ca va je vous remercie mais qui êtes- vous ? »

« Ou est votre mari Madame, laissez-moi entrer ! »

Je réfléchis  à toute allure et je commence à remettre les pièces du puzzle en place, c’est évident maintenant, non ce n’est pas possible...

« Mr K.OU ETES VOUS ? »

Silence.

La cuisine sur ma gauche je pousse la porte lentement, le petit déjeuner de Me K. est dressé sur la table, le café est fumant.

Depuis plus de cinquante, Mr K. mettait un point d’honneur à préparer le petit déjeuner de la famille puis de sa femme….

Elle me suit et me dit :
« Faut pas rester là ma petite dame, je dois aller travailler et mes enfants sortent à 16h ! »
Je l’entends   à peine, ma tête bourdonne.

Je suis le long couloir qui mène à leur chambre, la porte est fermée, je reste quelques secondes immobile puis j’appuie sur la clenche et je pousse la porte…

Le lit est fait, une chaise se trouve devant la fenêtre fermée, des chaussures sont posées au pied du lit.

La voix de la voisine résonne soudain dans ma tête:

« Je viens de le voir tomber, on va avoir du mal à le reconstituer ! »

Je me retourne vers cette femme âgée au regard hagard, elle est apeurée.

Je m’approche d’elle lentement et je lui demande doucement :

« Me K., dite moi, avez-vous fermé la fenêtre ? »

« Oh oui alors que je l’ai fermé, il fait froid ! »

Je m’approche de la baie vitrée, je l’ouvre, et je me penche pour voir 6 étages plus bas le corps de Mr K. gisant sur le sol.

Je m’assois, je comprends tout, le notaire et tout le reste.

Le coup de fil de la veille pour me dire que la réunion de famille n’avait rien donné et que ses enfants lui avait demandé « de tenir le coup encore un peu », ses adieux appuyés à force de « prenez soin de vous », et « ça me rassure de savoir que vous êtes là »….

J’ai la tête qui tourne.

Malgré le coté dramatique de la situation, je dois être pragmatique et réagir rapidement.

J’appelle les pompiers.

J’appelle la police.

J’appelle la famille.

J’appelle le rabbin.

A chacun, je dois expliquer ce qui s’est passé.

Me K. s’est installé dans son fauteuil et regarde « Amour, Gloire et Beauté » avec un casque audio.

J’ai besoin de boire, je vais dans la cuisine pour me servir un verre d’eau, lorsque je repose le verre sur table, je remarque une feuille blanche sur laquelle je lis :

« Peggy c’est trop difficile pour moi, merci pour vos bons soins, vous avez été un soutien formidable, ne changez pas, bien à vous Jean K. »

J’entends les sirènes de la police, je déglutis avec difficulté tant l’émotion est forte.

Un quart d’heure plus tard, après l’interrogatoire réglementaire, la police me demande de les accompagner pour faire la reconnaissance du corps.

Les pompiers sont présents.

L’un deux s’approche de moi et tente de me rassurer en me disant que ça va être rapide.
Il met sa main sur mon épaule et nous nous avançons lentement vers ce qui ressemble de loin à un corps couché recroquevillé.

Nous sommes maintenant  à trois mètres  environ du corps recouvert d’un drap blanc.

Le pompier continue de me parler doucement.

Nous y sommes.

Le sapeur me demande si je suis prête, je hoche la tête, il soulève le drap….

Seul le corps est reconnaissable car la boite crânienne a  explosé lors de l’impact au sol.

Les lunettes cerclées à quelques mètres, sa monte, son costume marron…..

« C’est bien Mr K »

48 heures plus tard, la famille enterrera  Mr K., son épouse demandera à la fin de la cérémonie, après plus un demi-siècle de vie commune :

« Mais est qui mort ? »

« Jean K. »

« Ah et je le connaissais ? »

Me K. a été placée en institution par ses enfants 8 jours après le décès de son époux.   
                       
Elle y est décédée 6 semaines plus tard.





mercredi 4 juin 2014

Mr Smith et Mrs Smith

Décembre 2011

Ce matin, je vais prendre en charge un nouveau patient atteint d'hémochromatose. Le soin consiste à  décharger l’organisme en fer en « saignant » le patient. 
C’est un soin peu connu du grand public et qui imagine qu'il n’est plus pratiqué depuis des siècles.

J’arrive donc devant une splendide demeure avec piscine et cours de tennis sur un immense terrain.

Un monsieur septuagénaire m’accueille souriant et agréable et me fait entrer chez lui.

La maison est grande et nous traversons plusieurs pièces avant d’arriver dans un petit salon dans lequel va se dérouler le soin.

Mr Smith est un homme vif et nerveux qui a du mal à tenir en place.

Je lui explique le déroulement du soin en lui précisant qu’il va falloir qu’il reste allongé et calme pendant une bonne demi-heure.

Il ne semble pas d’accord et me dit qu’il se sent en pleine forme.

Une femme passe dans le couloir qui longe la pièce où nous sommes et je l’entends grogner :

« Pour être en forme t’es en forme, vieux con !!! »

Un peu surprise, je regarde Mr Smith d’un air interrogateur qui me dit :

« Ne faites pas attention, c’est ma pauvre femme, elle est un peu tendue en ce moment !!! »

Je commence à préparer mon matériel dans une ambiance un peu particulière, entre Me Smith dans la pièce voisine qui semble déménager les meubles et casser tout ce qui est possible de briser dans la maison et Mr Smith qui semble ne rien entendre.

Je demande à mon patient de s’allonger, je mesure sa tension, et je lui explique que je vais poser une perfusion qui sera reliée à un redon, sorte de bocal hermétique qui va aspirer le sang lentement.

Il est assez agité mais sa pression artérielle est bonne. Je pose le cathéter et je lui demande si ce n’est pas douloureux, il me répond que tout va bien.

A cet instant précis sa femme hurle depuis la pièce voisine :

« Piquez le ça me rendra service qu’il crève !!! »

Je me fige sur place. Qu’est-ce que c’est que cette maison de fous ???

Il sourit et me dit :

« Ne vous inquiétez pas, elle est méchante mais pas dangereuse !!! »

Je ne sais pas si je suis rassurée pour autant mais il faut que je termine ce soin pour pouvoir laisser Mr et Mrs Smith s’étriper entre eux.

La saignée commence et je dis à Mr Smith qu’il ne doit plus bouger et rester calme jusqu’à la fin du soin.

Il me répond avec un petit clin d’œil en douce :

« Oh vous savez, je suis encore bien vert, je suis plein de ressources insoupçonnées… »  

Je commence vraiment à être mal à l’aise mais je ne peux pas accélérer le soin.

Je feins de n’avoir rien entendu et je ne réponds pas.

Il attaque à nouveau :

« Voulez-vous que je vous dise pourquoi elle est en colère ? »

« Euh, je crois que non…. »

« Allez je vais vous le dire ça ne me dérange pas .Je reviens d’un charmant  week-end à Barcelone avec une petite espagnole de 60 ans qui n’avait pas froid aux yeux….ni au reste d’ailleurs !!! »

Il éclate de rire à l’évocation de ces quelques jours qui furent à priori délicieux….

Je déglutis difficilement ne sachant quoi répondre lorsque sa femme entre dans la pièce comme une furie en éructant :

« Tu lui racontes quoi là ? Tes exploits de la semaine dernière ??? »

J’imagine déjà le titre du Parisien du lendemain « Drame passionnel dans le val de marne : une infirmière et son patient retrouvés morts hier après-midi…. »

Mr Smith calme :

« Je n’y peux rien moi si Jean est mort et que tu n’as pas pu prendre du bon temps ce week-end, je n’allais quand même pas annuler mes vacances sous prétexte que ton amant est mort !!! »

Alors là, j’aurais tout vu et tout entendu.

Pour un soin qui devait se dérouler calmement, on peut dire sans exagérer que c’est raté !

« Tu es le pire des salauds !!! »

Me Smith quitte la pièce en claquant la porte, sort dans le jardin, démarre la voiture et part en trombe.

La saignée se termine et Mr Smith semble tout à fait serein, comme si rien ne s’était passé.

« Je vous rappelle ou nous fixons la date du prochain rendez-vous aujourd’hui ? »

« Ecoutez rappelez-moi, nous avons trois semaines devant nous. »

« Très bien, ravi d’avoir fait votre connaissance Mlle Peggy ! »






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Tout le monde peut se tromper!!!


 Voilà déjà quelques jours que je soigne Mlle Barbie qui se déplace au cabinet tous les jours.

C’est une jeune femme blonde platine, d’une quarantaine d’années, de taille moyenne, un peu ronde, qui aime se maquiller de façon soutenue.

Mlle Barbie est une « modeuse » qui affirme haut et fort qu’elle adore mettre un peu d’excentricité dans sa vie, son âge lui importe peu, l’important pour elle est de se sentir à l’aise et féminine lorsqu’elle s’habille pour sortir. Elle porte souvent des tenues sexy à la limite du mauvais gout. 

C’est donc un personnage haut en couleurs, assez désinhibé, à l’accent gouailleur, qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense au moment où elle le pense, peu importe le contenu de sa réflexion…

Vous l’aurez compris, mes rencontres avec Mlle Barbie sont riches en émotions car elle se livre, sans aucune retenue.

Hier Mlle Barbie était en colère car une de ses collègues est à nouveau en arrêt maladie.
Elle se retrouve donc avec une surcharge de travail importante ce qui lui déplaît fortement car sa partenaire de bureau est coutumière du fait : à chaque accroissement d’activité, elle tombe malade durant huit jours.

Je l’écoute durant le soin et j’essaye de la réconforter, sans succès car sa colère est intense. 

Malgré ses soucis de santé, elle continue d’aller travailler pour ne pas mettre son employeur en difficulté donc elle n’arrive pas à comprendre l’attitude désinvolte des autres employés.

L’orage finit finalement par passer et elle repart apaisée et heureuse d’aller à son rendez-vous avec sa manucure qui lui  a trouvé  « un vernis  rose bonbon à la Miley Cirus ! »

Depuis deux jours maintenant, Mlle Barbie vient à nos rendez-vous  accompagnée  d’un jeune garçon âgé peut être de 17 ans ,18 ans tout au plus.

Quelle ne fut pas ma surprise aujourd’hui en la voyant arriver vêtue d’ une chemise en dentelle transparente  noire, très moulante ,d’une jupe rose excessivement courte et de bottes noires en vinyle à talons hauts, et maquillé comme une voiture volée mais non recherchée.

Elle est radieuse.

En revanche, le jeune homme qui l’accompagne est très réservé, il parle peu et rougit intensément dès que je lui adresse la parole. Il se montre très attentionné à l’égard de Mlle Barbie, qui semble ravie d’être en sa compagnie.

Nous discutons et en voyant la complicité de leur relation, je demande à Mlle Barbie :

« C’est votre fils unique  ou vous avez d’autres enfants ??? »

A peine ai-je finis de poser ma question que je réalise l’erreur impardonnable que je viens de commettre….

« Fils unique ? Comment ça fils unique ???Vous pensez que Kévin est mon fils ???
T’entends ca Kévin ? Elle pense que t’es mon fils !!! »

Je suis en train de vivre un moment de solitude mémorable.

Mlle Barbie est hors d’elle :

« Non,  mais c’est une blague ? Vous avez vraiment pensé que c’était mon fils ?
 Il est plus jeune que moi certes, mais on m’a toujours dit que je ne faisais pas mon âge !!! On s’est rencontré au boulot, il était mon stagiaire, je l’ai formé et on a appris à s’apprécier, c’est mon homme maintenant !!! »

« Oui, oui je comprends, veuillez pardonner ma maladresse, vous me sembliez jeune pour avoir un fils de cet âge…. »

Je suis confuse et Kevin est écarlate ce qui accentue son air juvénile.

« Ah ben quand même, vous m’avez fait peur là, il va sur ses 19 ans quand même, c’est plus un gamin !!! »

« Ah oui….quand même ! »

« Et puis moi les gosses, ça m’a jamais tenté, quand je vois mes amies autour  de moi je me dis que c’est plus d’emmerdes qu’autre chose !!! »

« C’est sur…. »

« Bon, on y va Kevin, on a encore des courses à faire. A demain 17 h00 c’est ça? »

«  À demain 17h00, au revoir Monsieur,  au revoir Mademoiselle »

« Eh puis détendez-vous, y’a pas mort d’hommes, tout le monde peut se tromper !!!! »