Mlle Peggy,Infirmière

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94, France
Mes patients m'appellent souvent Mlle Peggy ,c'est une façon pour eux d'établir une proximité sans pour autant être trop familiers,une sorte de formule "intermédiaire" entre le tutoiement et le vouvoiement,qui leur convient et que je trouve charmante.Vous l'aurez donc compris ,mon quotidien est de soigner les corps et les âmes,"les petites histoires de Mlle Peggy" sont des brèves de vies,qui vous feront rire,parfois pleurer,souvent réfléchir,enfin qui vous laisseront rarement indifférents,je pense. Ah j'ai oublié de vous dire mais vous avez du le deviner:je suis infirmière,et je pratique mon art à domicile,en petite banlieue parisienne.Je tiens à préciser que par souçi du respect du secret médical auquel je suis soumise,les lieux,les identités des patients et leurs familles,les pathologies sont modifiés,et les faits sont romancés. Toute ressemblance avec des personnes ayant réellement existé est purement fortuite. Bonne lecture!!!

samedi 3 mai 2014

La pochette surprise!!!

Mai 2011
Me Voilà devant un bel immeuble à la façade bien lisse au cœur d’un quartier résidentiel. Une fois la porte cochère poussée, le décor est change, la cour est crasseuse, sombre et peu accueillante. Je pousse une porte qui s’ouvre sur un escalier étroit, je prends mon courage à deux mains et je commence la montée des marches et l’angoisse m’étreint au fur et à mesure de ma progression.
Premier étage : silence absolu
Second étage : une odeur particulière imprègne l’endroit et s’accentue au fur et à mesure que j’avance.
Troisième étage: je longe le couloir et je me retrouve devant une simple porte en contreplaqué sans serrure sur laquelle je peux lire le nom de mon patient inscrit au marqueur….
J’inspire profondément, j’expire lentement et je frappe trois coups qui résonnent dans ce silence pesant.
Quelques secondes plus tard, j’entends des pas lourds et trainants, un râle, le bruit d’un objet qui tombe et la porte s’ouvre enfin.
Souriante et et affichant un sourire crispée :
-Bonjour, je suis l’infirmière !
-« ah bonjour, allez y entrez et faites pas attention au bordel !!! »
Devant moi se tient un homme âgé d’environ 70 ans, incurique, 1m80, 120 kilos, aux traits tirés, vraisemblablement  usé par la vie.
Il semble heureux de me voir mais très vite troublé par le fait que je découvre l’état de l’endroit où il vit.
En effet, un véritable taudis s’ouvre à moi, une seule pièce organisée en un lieu de vie. A droite j’aperçois un vieux matelas nu posé par terre, sans draps taché et à priori mouillé par endroits….
A la tête du lit, une vieille chaise de jardin en plastique devant laquelle se trouve une table adaptable que l’on trouve dans les chambres d’hôpital ,à l’opposé du «  coin chambre »,Mr Asticot a installé sur un cageot, une bouteille de  gaz de camping,enfin une bassine avec de la vaisselle  est posée sur le sol, sous un petit lavabo.
A côté du point d’eau, des toilettes non cloisonnées …
Une seule fenêtre, un velux condamné.
Devant un tel tableau, je suis bouche bée.
Je conserve mon sang froid et et je commence à échanger avec lui, mes craintes et mes appréhensions des premières minutes se sont transformées en empathie. Mr Asticot parle facilement et se livre rapidement.
Il a une série d’injections et de pansements à réaliser, je l’écoute attentivement mais je suis perturbée par cette odeur que j’avais remarquée lors de mon arrivée mais je n’arrive pas à la localiser...
J’effectue l’injection, puis je lui demande de me montrer les plaies.
Un peu gêné, il se déshabille lentement, enlève son jean et je découvre ses mollets….infestés par les vers !!!
Je palis.
Je suis figée.
Que faire ???
J’ouvre, les mains légèrement tremblantes le premier paquet de compresses puis le second.
J’humecte les compresses avec un antiseptique et je commence le nettoyage de la plaie, le tissage s’accroche dans les chairs, j’effectue une légère pression pour dégager le tissu et des secrétions me giclent au visage !!!
Je me relève brutalement au bord du malaise, la chaleur qui règne dans la pièce exacerbe les odeurs, je vais me sentir mal.
J’explique à Mr Asticot, qu’il faut l’hospitaliser, il accepte.
Nous attendrons ensemble les pompiers qui arriveront dans le quart d’heure suivant mon appel
Je lui laisse ma carte.
Quinze jours plus tard, Mr Asticot m’appelle pour me donner de ses nouvelles et me prévenir qu’il va avoir besoin de moi car il sort le lendemain.

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