Mai 2011
Me Voilà devant un bel immeuble à la façade bien lisse au
cœur d’un quartier résidentiel. Une fois la porte cochère poussée, le décor est
change, la cour est crasseuse, sombre et peu accueillante. Je pousse une porte
qui s’ouvre sur un escalier étroit, je prends mon courage à deux mains et je
commence la montée des marches et l’angoisse m’étreint au fur et à mesure de ma
progression.
Premier étage : silence absolu
Second étage : une odeur particulière imprègne l’endroit
et s’accentue au fur et à mesure que j’avance.
Troisième étage: je longe le couloir et je me
retrouve devant une simple porte en contreplaqué sans serrure sur laquelle je
peux lire le nom de mon patient inscrit au marqueur….
J’inspire profondément, j’expire lentement et je frappe
trois coups qui résonnent dans ce silence pesant.
Quelques secondes plus tard, j’entends des pas lourds et trainants,
un râle, le bruit d’un objet qui tombe et la porte s’ouvre enfin.
Souriante et et affichant un sourire crispée :
-Bonjour, je suis l’infirmière !
-« ah bonjour, allez y entrez et faites pas
attention au bordel !!! »
Devant moi se tient un homme âgé d’environ 70 ans,
incurique, 1m80, 120 kilos, aux traits tirés, vraisemblablement usé par la vie.
Il semble heureux de me voir mais très vite troublé par
le fait que je découvre l’état de l’endroit où il vit.
En effet, un véritable taudis s’ouvre à moi, une seule
pièce organisée en un lieu de vie. A droite j’aperçois un vieux matelas nu posé
par terre, sans draps taché et à priori mouillé par endroits….
A la tête du lit, une vieille chaise de jardin en
plastique devant laquelle se trouve une table adaptable que l’on trouve dans
les chambres d’hôpital ,à l’opposé du « coin chambre »,Mr Asticot a installé
sur un cageot, une bouteille de gaz de
camping,enfin une bassine avec de la vaisselle est posée sur le sol, sous un petit lavabo.
A côté du point d’eau, des toilettes non cloisonnées …
Une seule fenêtre, un velux condamné.
Devant un tel tableau, je suis bouche bée.
Je conserve mon sang froid et et je commence à échanger avec
lui, mes craintes et mes appréhensions des premières minutes se sont
transformées en empathie. Mr Asticot parle facilement et se livre rapidement.
Il a une série d’injections et de pansements à réaliser,
je l’écoute attentivement mais je suis perturbée par cette odeur que j’avais remarquée
lors de mon arrivée mais je n’arrive pas à la localiser...
J’effectue l’injection, puis je lui demande de me montrer
les plaies.
Un peu gêné, il se déshabille lentement, enlève son jean
et je découvre ses mollets….infestés par les vers !!!
Je palis.
Je suis figée.
Que faire ???
J’ouvre, les mains légèrement tremblantes le premier
paquet de compresses puis le second.
J’humecte les compresses avec un antiseptique et je
commence le nettoyage de la plaie, le tissage s’accroche dans les chairs,
j’effectue une légère pression pour dégager le tissu et des secrétions me
giclent au visage !!!
Je me relève brutalement au bord du malaise, la chaleur
qui règne dans la pièce exacerbe les odeurs, je vais me sentir mal.
J’explique à Mr Asticot, qu’il faut l’hospitaliser, il
accepte.
Nous attendrons ensemble les pompiers qui arriveront dans
le quart d’heure suivant mon appel
Je lui laisse ma carte.
Quinze jours plus tard,
Mr Asticot m’appelle pour me donner de ses nouvelles et me prévenir qu’il va
avoir besoin de moi car il sort le lendemain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire